GénéGallois

La famille, les histoires et l'Histoire

Vers notre mariage

Tout le monde voulut s’en mêler.

Norbert :

Je suis ton tuteur, lorsque tu te marieras, il faudra qu’il me plaise !

Réponse :

J’attendrai d’avoir 21 ans (c’était la majorité légale). Comme ça, je n’aurai d’avis à demander à personne.

Ce qui fut fait.

Norbert encore :

Qui te conduira à l’autel ?

Réponse :

Je n’ai qu’un frère, André. On me l’a assez répété dans la famille. C’est donc lui qui m’accompagnera.

Pas de réponse.

Mais le jour du mariage, Norbert croisant André, en arrivant, et toujours au volant de sa voiture :

Qui la conduit à l’autel ? Si c’est toi, je ne descends même pas, je fais demi-tour et rentre chez moi !

André, gentil garçon, a cédé sa place.

Tante Louise (Bourgault) a, elle aussi, voulu dire son mot. Un dimanche, à la sortie de la messe, sur la place du Sap, nous eûmes cet entretien :

- Je t’ai vue faire la bise au gars Gallois.
- Oui
- Où est-ce qu’il habite ?
- À Orville.
- Qu’est-ce qu’ils font ses parents ?
- Agriculteurs.
- Sont-ils propriétaires ?
- J’sais pas.
- Où est-ce qu’il travaille ?
- Au Crédit Agricole
- Où ?
- À Vimoutiers
- Qu’est-ce qu’il a fait comme études ?
- J’sais pas
- Qu’est-ce qu’il a comme examen ?
- J’sais pas
- Combien il gagne ?
- J’sais pas

C’était l’Inquisition.
Mais très vite Hubert est devenu le chouchou de toute la famille (et il le méritait bien).

Pour les préparatifs, nous nous sommes impliqués tous les deux. Le maître mot de Maman :

“Je n’ai pas de sous.”

Ce qui fait que nous avons payé pour tous nos copains, mais qu’elle n’a pas non plus participé aux frais annexes :

  • ma robe,
  • pas de fleurs, ça coûte trop cher (mais dans la famille d’Hubert, on aime bien les fleurs).

Et je suis partie de la maison les mains dans les poches.

Maman n’a eu de cesse de nous faire croire qu’elle n’avait pas d’argent.
Radinerie.

Lorsque j’ai été nommée à mon premier poste, à l’école des filles, à Vimoutiers (ainsi que Jocelyne Perrine), j’ai bénéficié d’un petit studio de fonction.

J’ai aussi eu la chambre à coucher de Marraine Haelewyn. Cette dernière avait toujours dit qu’elle serait pour moi. Mais, il n’y avait ni sommier, ni matelas. Avec mes premières paies, je me suis donc acheté :

  • un sommier
  • un matelas
  • un tabouret
  • une gazinière
  • un bureau
  • des couverts
  • un dessus de lit
  • draps…

Et comme avec Jocelyne nous étions voisines, nous avons donc fait cuisine commune, sans jamais rien avoir de Maman.

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