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La famille, les histoires et l'Histoire

Albert HAELEWYN

acte de naissance
acte de naissance

Ses parents, Charles Haelewyn et Stéphanie Deschildre, sont des fermiers locataires d’une ferme qui s’est trouvée entre les deux fronts durant la première guerre mondiale : les Anglais couchaient à la ferme.

L’exode

En 1917, les enfants de la famille, sauf les jumelles Louise et Joséphine (trop jeunes, nées en 1917) et Henri (pas encore né), sont évacués et hébergés dans une colonie pour enfants belges, financée par la Belgique,à Chevilly-Larue, au sud de Paris. La directrice était Sœur Élisabeth en religion, Marie DESCHILDRE pour l’état-civil, sœur de Stéphanie DESCHILDRE.

En 1918, tous les adultes sont évacués également, dont Charles et Stéphanie, enceinte de Henri, ainsi que Louise et Joséphine. En quittant la ferme, ils ont tout brûlé volontairement, pour ne rien laisser aux Allemands.

L’évacuation les amène en France, vers Évreux. La lettre d’un notaire (dont on ne sait trop comment Charles Haelewyn l’a connu) permet d’indiquer que Charles HAELEWYN et Stéphanie DESCHILDRE s’installent dans une ferme à Monnai dans l’Orne, certainement vers 1918. Albert a alors 10 ans.

Après la guerre, Charles HAELEWYN est retourné à Locre voir la ferme. Tout est détruit et ravagé par la guerre. Les rendements risquent d’être meilleurs en Normandie. La décision est prise : la famille reste en Normandie !

L’installation

certificat détudes - 1920
certificat détudes - 1920

Mais personne ne parle français… À l’école, le flamand ou l’allemand semblent être la même langue. Alors Albert et ses frères et sœurs se font traiter de « boches ». Mais Albert persévère. Deux ans plus tard, en 1920, il est reçu au certificat (Certificat d’Etudes Primaires) avec la mention « bien ».

Après la ferme de Monnai, Charles HAELEWYN et Stéphanie DESCHILDRE ont exploité une ferme au Bosc-Renoult, au lieu dit « La Massaie » jusqu’en 1935. Albert et ses frères et soeurs ont donc passé leur adolescence dans cette ferme, vivant et travaillant avec leurs parents.

En février 1933, Charles HAELEWYN décède. Premier fils, Albert devient à 25 ans l’homme de la famille : sa mère, ses 9 frères et soeurs, et la ferme qu’ils contineunt d’exploiter. Etant l’ainé, Albert est chargé de la gestion. ce qui amène des désaccords notamment avec Norbert.

Son frère Valère décède en 1933 à 21 ans. La cause ? On a parlé d’une appendicite non ou mal soignée.

Cette famille nombreuse, rurale et chrétienne est élevée dans le sens du devoir et de l’honnêteté. Obligations certainement amplifiées par le fait d’être immigrés, ayant été assimilé aux « boches ».

Mais cela n’empêche pas quelques dérapages. Comme lorsque Norbert a fait un enfant à une fille du Bosc-Renoult, affaire étouffée. Il n’empêche que les deux familles sont restées dans le village et donc l’histoire était connue de tous. Et l’enfant, vieille dame célibataire en 2016, ressemblerait beaucoup à Reine la fille ainée (et légitime) de Norbert…

Fonder une famille…

En novembre 1935, Albert se marie avec Maria DESCHILDRE, à Neuve-Eglise en Belgique. A cette époque, moins de 20 ans après la fin de la guerre, les mariages mixtes n’étaient pas bien vus. Les mêmes raisons : la proximité du flamand avec l’allemand, le fait d’être immigré….

Maria souffre d’un handicap : elle porte un oeil de verre suite à l’utilisation de forceps à sa naissance.

Albert et Maria s’installent en location dans une ferme à Saint Germain d’Aunay. Il s’installent près d’une famille, les COOL, qui deviendront des amis.

Les grossesses se suivent mais se ressemblent avec des enfants qui ne vivent quasiment pas :

  • Valère 20 janvier 1937 – 30 mars 1937
  • Valère 18 juillet 1938 – 19 juillet 1938
  • André 13 octobre 1939 – 18 octobre 1939

et puis André né le 17 novembre 1940 qui décèdera en février 2002, et Andréa née le 23 avril 1943 et décédée en décembre 2020.

Fin 1942, Maria est enceinte de quatre ou cinq mois. Albert et Maria déménagent pour exploiter la Châtellerie à Avernes Saint Gourgon à quelques kilomètres. Andréa naît à L’Aigle. Maria et Andréa reviennent à la Châtellerie où décèdera Maria à peine un mois après la naissance.

La cause du décès, Andréa la cherchera longtemps sans la trouver. La seule réponse qu’elle ait eue de son père, à son adolescence, sur les circonstances du décès fut : « Tu es venue et elle est partie »…

Mais la ferme doit tourner et il faut élever André et Andréa. Alors la mère d’Albert, Stéphanie vient s’installer à la Châtellerie où elle restera jusqu’au remariage d’Albert en 1946. Stéphanie vivra ensuite chez l’un ou l’autre de ses enfants jusqu’en 1960, année à laquelle elle se fixe chez Louise, une de ses filles.

…et en reconstruire une

Voulant redonner une maman à ses deux enfants, peut-être désireux d’en avoir d’autres, Albert se marie une seconde fois, avec Agnès ROUZE en 1946. Ils ont échangé des courriers et se sont rencontrés trois fois avant le mariage, lui en Normandie, elle en Belgique.

Les familles se connaissant, le mariage a été « arrangé » par l’entremise d’Augustin CAREYE le beau-frère de Stéphanie HAELEWYN (mère d’Albert) et de Marie DESCHILRE (soeur Marie-Elisabeth) la soeur de Stéphanie HAELEWYN.

De cette seconde union, naîtront six enfants dont un sans vie et deux qui ne vivront que trois semaines au maximum :

  • Alain 19 juin 11947 – 12 juillet 2014
  • Alice 22 novembre 1948 – 10 décembre 1948
  • un enfant masculin sans vie le 13 février 1950
  • Anna et Alice le 4 février 1952, Alice décédant le 15 février 1952
  • Agnès le 13 mars 1955.

À cette époque, dans ce milieu rural, on ne consultait pas le médecin facilement, les hôpitaux étaient loin… Il semble que les petites soient décédées de déshydratation, n’arrivant pas à s’alimenter.

Entre 1950 et 160, l’agriculture est en pleine expansion. Albert emploie un ouvrier agricole en permanence à la Châtellerie, et fait appel souvent à des travailleurs occasionnels. Sociable, rendant facilement service, Albert gagne l’estime du voisinage.

Mais en juin 1960, un accident lors des foins le fait passer sous la botteleuse. Il décèdra trois jours plus tard à la ferme.